De la lecture à voix haute
La lecture à voix haute débute, par un rituel dans la petite enfance, souvent à l'heure du coucher, dans le cadre douillet d'un lit et de ses oreillers... -Racontes moi, une histoire... dit l'enfant,... celle-là!- La même histoire.
Sans lassitude, la voix de la mère s'élève, lui se taît alors, le regard tantôt sur le livre, tantôt sur le visage de la lectrice, rarement ailleurs; il n'en perd pas une miette, parfois il s'assoupit, souvent il s'embarque avec le récit, loin de son univers.
Histoire lue avec ferveur, quelquefois murmurée, mimée avec les mêmes mots, silences et gestes; et le doigt maternel souligne le détail sur l'image qui fait tout l'intérêt du texte, pour les petits et le doigt curieux de l'enfant qui questionne: -il est où, c'est qui et pourquoi cela.-
La bouche de la mère laisse échapper des sons qui parlent de plaisir, de tendresse, de gourmandise, de découverte et des fois, de crainte et de peur... et soudain, les lêvres entrouvertes sont muettes et l'enfant, affamé et pressé d'en goûter la saveur, jette à son tour les mots bien ordonnés, à la virgule près, du presque par coeur, l'enfant fier et heureux découvre le goût pour la lecture. Plus tard, il saura lire.
Lorsque l'enfant sait véritablement lire, la mère le laisse à son nouvel apprentissage, la lecture silencieuse -Il est grand, maintenant...- ; il dévore en solitaire, il ne partage plus avec elle. La musique des mots se déguste égoïstement.
La lecture à voix haute se perd, au milieu du bruit de la vie d'adulte. Il n'y a que la poésie que nous consentons à réciter de cette manière; mais où sont les poètes.
Texte de caroline_8