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fenêtres sur la cour
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5 mai 2007

La porte du voyage sans retour

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Située à moins de quatre kilomètres de Dakar, au centre de la rade que forme la côte sud de la presqu'île du Cap-Vert, l'île de Gorée offre un abri sûr pour le mouillage des navires. De ce fait, elle a été, depuis le XVe siècle, un enjeu entre diverses nations européennes qui l'ont successivement utilisée comme escale ou comme marché d'esclaves.

0-Qu’en ce lieu, où la dignité humaine fut malmenée, qu’il nous revienne la nécessité de faire l’homme qu’il reste à faire- (Boubacar Joseph N'Diaye)

La Maison des Esclaves, date de 1776. Construite par les Hollandais - c'est la dernière esclaverie en date à Gorée. Pendant trois siècles et demi, les africains furent traqués, chassés, arrachés à leur sol natal comme les racines des temps, sous la torture et l'humiliation.

Le départ aux Amériques cela dépendait aussi des acquéreurs, le père allant sur la Louisiane aux USA, la mère au Brésil ou Cuba, l'enfant à Haïti ou aux Antilles. La séparation était totale. Ils partaient de Gorée, sous des numéros de matricule et jamais sous leurs noms africains.

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Dans des cellules réservées aux hommes, faisant chacune 2,60 m sur 2,60 m, on mettait jusqu’à 15 à 20 personnes, assis le dos contre le mur; des chaînes les maintenant au cou et aux bras... généralement dans cette maison, ils y vivaient dans un état d’hygiène si repoussant que la première épidémie de peste, qui a ravagé l'Ile en 1779, est partie de ce lieu.

Pour ces pauvres enfants, dans cette galerie donc, ils y couchaient entassés exactement comme dans une boite à sardines et l’âge d'un enfant dépendait de sa denture, faute d’état civil.

Les jeunes filles étaient séparées des femmes parce qu'elles étaient plus chères. Dans ces esclaveries, la valeur d'une femme dépendait de ses seins et de sa virginité.

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Et là, c'est ce couloir oblique que l'on appelle aujourd'hui "la porte du voyage sans retour". Parce qu'à partir de cette porte, donnant sur la mer, pour ces esclaves, c'est l'adieu à l'Afrique.

Vous aviez, à partir de cette porte, un quai en renier (bois de palmier) servant d'embarquement et au moment des embarquements, certains esclaves, évidemment, tentaient de s’évader en plongeant. Ces pauvres ne pouvaient pas aller loin, parce qu'abattus par les gardiens ou dévorés par les requins. Et pourquoi ces requins, parce que malades ou agonisants étaient jetés à la mer et cela attirait les requins.

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Ainsi, après avoir été, entre l'Afrique et les Amériques noires, le trait d'union symbolique de la désolation, Gorée devient-elle peu à peu un symbole d'espoir, vers où, de plus en plus nombreux, convergent aujourd'hui, en une sorte de pèlerinage, les descendants des déportés de jadis, en quête de leurs racines et tous ceux qui entendent puiser dans son histoire, les raisons d'une nouvelle solidarité des peuples.

Texte et très belles et tristes photos tirés du site -L'île de Gorée, la maison des esclaves-

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Commentaires
V
Superbe billet sur une période noire... J'aime énormément ta façon de nous interloquer sur des sujets moins "conventionnels".
B
splendides photos......................
A
Ton billet, même s'il nous montre une page d'histoire peu reluisante, est très intéressant et en continuité avec un livre que j'ai lu récemment, La pendaison d'Angélique (de Afua Cooper). Il raconte l'histoire de l'esclavagisme en général et puis on suit la piste d'une esclave qui a été vendu au Canada et pendue par la suite pour un crime...
P
cette semaine, j'ai vu un reportage sur l'esclavagisme dans les Pouilles actuellement en notre siècle. Comment un pays comme l'Italie, pays dit civilisé, peut-elle pratiquer cela. <br /> il y aura toujours des hommes pour en exploiter d'autres et ce n'est pas à la gloire de l'Homme.
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