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fenêtres sur la cour
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9 novembre 2007

Quand les larmes coulent, le coeur se met à la fenêtre.

Il y eut l’époque bohème des cartons à dessin et des jupes longues, celle de la jeune professeur que j’étais, pratiquant l’art avec des enfants et puis celle florissante des responsabilités dans une très belle boutique d’importation au cœur de Paris.
Un jour, la porte a claqué sur des amours compliqués, des amitiés très légères, un travail accaparant et peu reconnaissant. Ce fut la fin des petits cigarillos lors de repas chez "Julien" ou "Au Vaudeville", de la confortable chambre au 20ème étage du Hilton à Bruxelles, de l’ambiance bien particulière des salons de décoration et de celle des périodes de fêtes dans nos boutiques. J’ai rangé mes talons hauts et j’ai fait des bébés. J'ouvrais la troisième porte.

L_espoir_2Sans regret, j’ai câliné, élevé et instruit pendant une dizaine d’années, sans faillir et avec beaucoup de bonheur. A quatre pattes, nous avons bâti des maisons en Lego, mis en scène des Barbie, modelé des hamburgers frites en pâte Play-Doh et surtout lu des histoires enfantines aux belles illustrations tous les soirs. Nous étions "les quatre filles de docteur March" ou la famille Ingalls… Le père des deux histoires était le héros absent, bien sûr, pour cause de guerre ou de chasse. La tempête ne nous atteignait pas, la maison était solide et blotties sous les plaids, toutes les quatre, nous vivions nos aventures.
Puis, j’ai été malade, bien malade et après rien n’allait plus. Je me suis posée des questions et j’ai cherché
les réponses dans la lecture avec qui j’ai renoué. –Petite fille, je vivais dans la folle attente de la vie. Je croyais qu’un jour, brusquement la vie allait commencer, s’ouvrir devant moi. (…) Et pourtant, il y a longtemps que la vie a commencé et même, lorsque petite j’attendais, c’était déjà la vie. (Milena Jesenska –Vivre-)
Dans mes –Lettres du soir- je prenais note de ces mots qui résonnaient si bien en moi, de ces phrases que j’aurai pu dire et même écrire, de ces idées auxquelles j’adhérai soudainement. -Des fois, je ferme les portes, je coupe le téléphone, je coupe ma voix, je ne veux plus rien. (… ) Que seule l’écriture vous sauvera. Ecrire quand même malgré le désespoir. Non : avec le désespoir. (Marguerite Duras –Ecrire-)
Un été, j’écrasais des pastels à huile sur des feuilles de papier kraft. Un thème s’est imposé : des portes… ouvertes ou fermées,  des entre deux portes, des couloirs, des escaliers, des seuils. -Je ne peins pas pour vendre, mais je peins parce que cela me fait du bien ! (Dora Carrington)

Tout se mettait en place, mais cela dura des années… Une phase nouvelle a bel et bien commencé ! (… ) Je me sens si bien, pleine d’harmonie intérieure et de santé… et je finirai peut être par me sentir enfin adulte. (… ) Je laisse à d’autres le soin de s’exprimer à ma place. Je cherche partout la confirmation de ce qui fermente et agit en moi, mais c’est avec mes mots à moi que je devrai essayer d’y voir clair… pour me rejoindre moi-même. (Etty Hillessum -Journal-)
Il y a peu de temps, je laissais cette quatrième porte entr’ouverte, les filles n’ayant pas fini de grandir et j'entrais dans une cabane bien à moi, une cabane avec des fenêtres  ouvertes sur… vous, une cabane d’écriture.

Texte de caroline_8 et peinture de Gustav Klimt -L'espoir II- 1907/08 .

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Commentaires
S
oh! que c'est joli "une cabane d'écriture"...<br /> j'ai trois enfants et mes derniers ne sont pas tout à fait grands, j'aime bien tes mots ... c'est bien ce que je ressens avec mon blog aussi... une porte entrouverte, une cabane ...Mais voilà que je compte... tu en es à ta quatrième porte... Je pense que j'entrouvre la troisième...argh! j'en ai manqué une ou je l'ai traversée sans la voir!
I
Vraiment magnifique la façon dont tu écris! Je pensais te l'avoir dit, mais j'ai cherché, et je ne trouve pas trace de ce commentaire : J'adorerais voir ton blog se transformer en livre. Et là, il serait sur ma table de chevet, et me ferait toujours chaud au coeur, car tout n'y est que tendresse, douceur, et talent. Bonne soirée! Isas
Z
ce que tu dis à travers les mots de Milena Jesenska<br /> me touche ,ç'est ça..... laisser la porte ouverte ,respirer et vivre :c'est maintenant.....
P
Un jour la porte s'est ouverte sur ton paysage et ...merci tout simplement Caroline.
L
on se sent bien dans ta cabane d'écriture...je suis contente d'être passée par là, un jour...j'ai vu la lampe à pétrole...et je ne m'en écarte plus !...surtout...ne change pas de porte !!...bises
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