Une femme artiste n'a ni muse ni esclave.
Elle doit être ces deux choses pour elle-même. Edna O'Brien
Au 17ème siècle, Artémisia Gentileschi est une exception : femme, elle voyage et travaille comme peintre. Elle trouve des commanditaires de prestige, gère sa profession avec assurance et suscite du respect au point qu’elle est accueillie à l’Académie de dessin de Florence et à l’Académie des Desiosi à Rome. Consciente de son rôle d’artiste, elle fait son auto portrait…, proposant une image au double registre, où le peintre et son art se superposent et s’identifient l’un à l’autre.
Artémisia Gentileschi - Autoportrait - 1630
Au 18ème siècle, tant de carrières brisées et tant de femmes contraintes à l’abandon, forcées de reculer d’un pas, de rentrer dans le rang à cause de la situation sociale de leur mari, à cause de leur maternité.
A. Labille-Guiard 1785 Lebrun Viguée 1790 Marie-G Benoist 1800 Marie-V Lemoine 1801
Au 19ème siècle, les femmes artistes peuvent avoir un atelier, parfois à partager avec d’autres femmes artistes, le transformer en véritable quartier général. Elles peuvent compter sur un espace qui leur est propre pour travailler, un espace qui représente l’émancipation.
Les femmes, perdues dans un univers artistique masculin, se regroupent et s’entraident : elles sortent pour peindre ensembles, dessinent leurs amies artistes et échangent leurs opinions sur la peinture. Les femmes peuvent désormais voyager en Europe plus librement; le séjour à Paris est le rêve le plus ambitieux pour une femme peintre.
B. Morisot 1861 M. Bashkirtseff 1882 C. Beaux 1885 A. Bilinska 1887 A. Zorn 1888
Le 20ème siècle, est constellé de figures féminines engagées dans la vie artistiques. Les femmes peuvent accéder aux écoles de peintures, participer aux expositions et aux concours, elles peuvent copier le nu d’après nature et elles ont la possibilité de recevoir des commandes officielles.
A. Bilinska 1892 A. Barney 1895 R. Bonheur 1898 J. S. Sargent 1907 E.Chaplin 1912
La peinture au 20ème siècle représente souvent les femmes tant à -leur toilette ou à la lecture d’un livre, ou encore s’habillant pour une sortie importante – L’univers quotidien féminin trouve son magistral interprète en Louise Breslau. Sa toile "la lectrice" reprend un thème cher de l’époque. A présent, lire est plus qu’un simple loisir. A l’image traditionnelle de la femme romantiquement absorbée dans la lecture d’une lettre, d’un roman ou de poésies s’ajoute celle de la lectrice attentive, avide de connaissances, tellement prise par son activité qu’elle ne s’aperçoit pas qu’on l’observe.
Louise Catherine Breslau - La peintre et son modèle - 1921
Dans les années 60 et dans le sillage des mouvements politiques et de contestation de cette époque, les femmes se constituent en groupes féministes. Elles prennent des initiatives pour organiser des expositions et pour promouvoir leur propre travail, fondant aussi journaux et revues. Pour une femme, peindre son quotidien, signifie aussi réfléchir sur sa propre condition. Ces tableaux n’insistent pas sur la beauté du modèle, mais préfèrent en exalter le caractère, la personnalité et l’élégance des manières.
Marie Laurencin 1906-1908 Romaine Brook 1923 Leonor Fini 1945
Lire l'interview à la suite de la parution en automne 2007 du livre -Femmes artistes/artistes femmes. Paris, de 1880 à nos jours- aux Ed. Hazan de Catherine Gonnard et Elisabeth Lebovici.
Texte inspiré du livre -Femmes Artistes de la Renaissance au XXIème siècle- de Simona Bartolena aux Ed. Gallimard