La tempête au bord de mes fenêtres
Je pourrais ne rien laisser paraître, ne rien dévoiler mais je ne sais pas faire semblant. Je n’ai jamais su. Et puis, je sais que c’est mieux que cela soit dit. Ainsi je l’ai confié à l’une, à l’autre pour que ce ne soit pas tabou, j’en ai parlé avec l’une, avec l’autre pour me soulager, je l’ai écrit à l’une, à l’autre parce que trop, c'est trop… En fait, je ne me suis pas senti mieux. Alors j’ai eu besoin de l’exprimer à ma table d’écriture, à mes Fenêtres sur la cour.
Parlons-en de cette table d’écriture qui m’attire tant, mais que je n’arrive pas, depuis quelques jours, à approcher… Pleine de mots, de phrases à écrire, pleine d’images et d’idées à partager, mais je suis paralysée; je ne peux et ne veux dire… ce qui explique mon soudain silence, ici ou là, sur les commentaires. Devant mes yeux, un mur de vagues, du bruit et de la fureur... Le temps s’est comme figé sur un mot, une maladie. Ce mal sournois a décidé d’abattre tardivement mais sûrement le jeune soldat débarquant sur une plage de Normandie, libérant Paris, poussant jusqu’à Berlin, le curieux d’une autre vie s’embarquant pour l’Afrique et dont je vous conte parfois les aventures, le père vivant à l’étranger puis le grand-père retournant en France ; oui, c’est de mon père qu’il s’agit et de sa très belle vie. Après un court instant de colère et de révolte, j’ai décidé d'accepter.
–Je ressens comme une nécessité intérieure de faire honneur à la vie, telle qu’elle m’est donné à vivre. (… ) Accepter de vivre [un deuil] c’est accepter de vivre. Accepter la mort, c’est accepter la vie. (… ) Faire face à la mort permet, ensuite, de mieux faire face à la vie- Catherine Bensaid -Je t'aime, la vie- aux Ed. Robert Laffont
Texte de caroline_8 et peinture de Winslow Homer - Northeaster - 1895