A la fenêtre de Tanger
Le 27 janvier 1912, Henri Matisse s'embarque à Marseille en direction de Tanger. A cette époque, il ne cesse de douter de lui-même et a besoin de se mettre à l'écart, loin de Paris ; il attend de la civilisation arabe une leçon de vie, une sérénité, l'art de dire beaucoup en peu de mots. Le voyage que Matisse effectue au Maroc est, avant tout, un voyage intérieur. Dès son arrivée à Tanger en janvier 1912, la pluie incessante le contraint à se cloîtrer dans sa chambre durant un mois. Il regarde alors par la fenêtre… "comme c'est neuf aussi et comme c'est difficile à faire avec du bleu, du rouge, du jaune et du vert... "
Paysage vu de la fenêtre 1912-1913 La porte de la Casbah 1912-1913
Vue de la fenêtre et Porte de la Casbah: couleurs posées sur la toile sans la recouvrir entièrement, refus du modelé, coups de brosse laissés visibles, utilisation de couleurs crues. Vue sur la baie : de grands plans géométriques, peinture rugueuse, représentation simplifiée.
Vue sur la baie de Tanger 1912 - Henri Matisse (1869-1954)
"Le beau temps est venu, quelle lumière fondue... " Matisse peint un ensemble de paysages dans le jardin luxuriant de la Villa Brook. "Une création spontanée comme une flamme dans un élan. Mon esprit était exalté par les arbres très haut dans le ciel, la masse verte et somptueuse des acanthes et par l'espace lumineux qui réunissait ces deux forces" Le peintre dit le luxe du calme, le plaisir des choses simples, la philosophie de l’immédiat, l’émotion ressentie de l’atmosphère. Matisse se sent en harmonie avec lui-même et le pays; il réalise de grandes toiles ambitieuses, notamment des portraits.
La palme Villa Brook Zorah sur la terrasse Le rifain assis
Matisse a la certitude que la peinture n'a pas pour but de copier la nature, mais qu'elle doit illuminer l'espace autour d'elle, comme le fait un tapis ou un mur de céramique. Entre 1920 et 1930, il revient à une forme de peinture plus traditionnelle.
Odalisque à la culotte rouge 1923 - Henri Matisse (1869-1954)
Les odalisques que Matisse brosse comme on tisse un tapis. Les jeunes femmes se fondent dans le décor qui possède la même valeur que le sujet. Un moucharabieh, un panneau de carrelage, une tenture ont la même présence que le vêtement, la chair du personnage.*
"Je veux un art équilibré et pur, qui n'inquiète ni ne trouble. Je veux que les hommes épuisés et fatigués jouissent du calme et du repos devant mes tableaux"
*Texte inspiré du document PDF -Matisse, Lignes et couleurs du Maroc- et CLIC sur les tableaux pour les agrandir.