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fenêtres sur la cour
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11 novembre 2010

Comme en fuite

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Courons vite pour ne pas que le vent nous rattrape
de
Julie Douard dans Après l'enfance

*
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*

J’ai poussé mon vélo le long du canal et me suis approchée tout au bord du quai, froid et luisant par la bruine qui tombait silencieusement ce matin-là. J’ai cherché du regard quelque chose à laquelle me raccrocher pour ne pas pleurer; le miroitement et le clapotis de l’eau m’ont happée.  Le jeu de la lumière associé au va-et-vient incessant des vaguelettes contre la pierre grise m’a, en quelque sorte, apaisée et je me suis demandée ce qu’il me faudrait accomplir pour trouver une sérénité ; de petits riens comme

- plonger les mains dans la terre de mon jardin en pots et associer la bruyère pourpre, la santoline odorante et le chrysanthème éphémère au camélia, au lierre et à l’aucuba vaillants et résistants. Planter des bulbes de muscaris bleus et discrets, de jaunes et fières jonquilles pour, en février, réchauffer  mon cœur et la fenêtre ouverte au plein nord.

- regarder de belles images, découvrir toujours et encore un peu plus les beautés de l’art et des mots. Les yeux éblouis par les couleurs et les matières, trouver le réconfort dans le talent de l’autre mais l’oreille attentive à toute musique, soigner ma douleur en écoutant celle de l’autre.

- me promener aux Buttes Chaumont, le nez au vent et puis courir vite pour ne pas que celui-ci me rattrape. A grandes enjambées, parcourir les sentiers familiers et ne pas fuir le silence ; prendre le temps de réfléchir à mon chemin de vie, reconnaitre le manque depuis trois semaines et accepter la peine, finir par ne plus me souvenirs que des belles choses…

- laisser glisser l’eau canalisée et urbanisée à mes pieds; elle s’échappe très vite à la sortie de la ville entre des berges insoumises plantées d’arbres indociles. Portée par ce courant vagabond, une péniche rouge et verte emporte au loin mon âme réconciliée avec la vie, pas en fuite mais un peu quand même.

D'ailleurs, je prends un train demain.

Texte de caroline_8 et photo de Alicia Bock

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Commentaires
L
Il me semble que je viens de prendre un train, avec vous
L
Je t'embrasse.
G
Je vous découvre, arrivée là par hasard, au fil des images, et je suis touchée profondément. Merci.
L
Ton billet me donne envie de te suivre...
M
Les Buttes-Chaumont... C'est toute mon enfance et les heures buissonnières quand j'étais ou plutôt n'étais pas au lycée."Accepter sa peine"... J'en suis là aussi.<br /> Bien à vous,<br /> Marie-Hélène
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