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fenêtres sur la cour
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2 juillet 2011

... et puis quels sont les mots qui soulagent ?

Voilà ce que je me dis

*

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*


… [elle] est morte, ça n’a pas de sens, c’est juste des mots.

En ce jour d’enterrement (…) je ne ressens rien, non. Et puis, tiens, quelque chose de mouillé sur mon visage. Il pleut ? Mais non. Il ne pleut pas. Je pleure. Ce sont des larmes fines, économes et discrètes,  ou qui tentent de l’être, et de passer en force.  C’est si étrange cette douleur qui ne fait pas mal. (…) Mais je ne sais pas si c’est [elle] que je pleure. C’est peut être un chagrin plus ancien, ou un chagrin à venir, ou le chagrin de ce qui m’attend et que je ne sais pas encore. (…) C’est ma chance, ces larmes sans chagrin qui me submergent – il était temps.

D’habitude quand je sens que la tristesse arrive [je m’active soudainement] C’est la perspective [du résultat de l’acte et de l’idée d’évoluer vers un mieux] qui m’aide à me lever. (…) Sauf que là ça n’a pas suffi. J’ai eu beau [ranger, trier, éliminer] toute la semaine, ça n’a pas réussi à enrayer la montée de la tristesse.  (…) je me suis dit, pas pleurer, (…) juste attendre l’accalmie (…). Faut juste attendre un peu, je me suis encore dit, ça va passer comme un orage, comme une ondée, (…) ça va s’arrêter, ça va aller.

Mais ça n’a servi à rien, la tristesse est passée mais c’est l’énervement qui a pris le relais et me voilà écorchée, surexcitée (…).  (…) tout m’oppresse, (…), les voisins, les voitures, le monde des vivants (…)

Je me sens mal, (…) je ne suis plus du tout en colère, je ne suis plus du tout furieuse, j’ai juste très peur tout à coup.  (…) moi, j’ai si peur.

(…) ça va mieux tout à coup, ça s’apaise au-dedans de moi, peut être que je suis juste arrivée au bout de la peine, peut être que je ne peux pas avoir plus mal et que c’est aussi pour ça que ça va mieux.

(…) Mais peut-être pas dans le fond.
Peut -être que c’est elle qui a choisi sa mort, comme on choisit un roman avant de partir en vacances, comme on choisit une destination de vacances, ou comme ça, pour rendre service, parce qu’elle pensait que c’était bien, (…) Aujourd’hui que la colère est passée, et le toboggan des regrets, aujourd’hui qu’il ne reste plus que de la souffrance séchée, voilà ce que je me dis.

extraits du livre "Mauvaise fille"  de Justine Levy et ceci dans mon carnet d'images

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