Des femmes à leur toilette
Alors que durant plus de trois siècles les peintres avaient dû prendre des sujets prétextes pour fournir au public des images de corps déshabillés, la représentation du nu profane, au XIXème siècle, redevient chose normale. Renoir ou Cézanne en font un thème intimement personnel. Et Degas et Bonnard peignent des femmes à leur toilette, avant tout, pour leur propre curiosité.
Henry Tonks (1862-1937) William McGregor Paxton (1869-1941)
L’hygiène est la vraie morale, protégeant à la fois le corps contre les maladies et l’âme contre les vices. Elle rencontre cependant deux obstacles majeurs : la pudeur d’abord (laver le corps avec complaisance passe pour du libertinage, surtout la toilette intime. Il est préférable de changer de linge) et l’absence d’eau courante.
Mary Cassath (1844-1926) Henri Toulouse-Lautrec (1864-1901)
Chaque jour, on se lave le visage et les mains dans une cuvette ; une fois par semaine, on se lave le reste du corps. Les femmes privilégiées qui disposent d’une baignoire à leur domicile prennent un bain une fois par mois, après les menstruations. Dans les arts plastiques, l’habitude de laver le corps à grande eau transforme radicalement la représentation du nu féminin : la femme occupée à se laver devient un sujet presque trivial !
E.Philips Fox (1865-1915) Suzanne Valadon (1865-1938)
Au hammam, la vie est de fait colorée et joyeuse dans ces couloirs magnifiques aux murs recouverts de marbre, où l'écho répète chaque mot trois fois. Les femmes sont assises là, sans voile, dans leurs robes à motifs, fumant, bavardant, riant, allaitant leurs enfants, se maquillant. Le hammam a une vocation qui dépasse la simple hygiène. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il remplit une fonction sociale attestée pour les femmes, comparable à celle du café pour les hommes. Les femmes, qui se rendent en groupe au bain, y trouvent un espace de liberté. Elles discutent de leurs problèmes, échangent leurs points de vue, ou encore parlent de leur intimité.
Véritable moment de détente et de plaisir, le hammam est aussi le lieu privilégié pour prendre soin de son corps en douceur. En effet, il remplit avant tout une fonction hygiénique, aspect sur lequel insiste l’Islam. La chaleur humide que dégage le lieu permet d’éliminer efficacement les toxines, de calmer les tensions musculaires et d’évacuer le stress. Sous l’action de la température, qui est dans chaque pièce plus élevée, les pores s’ouvrent et l’épiderme est débarrassé plus aisément des impuretés.
Jean-Léon Gérôme (1824-1904)
La séance au hammam est un rituel pour les femmes. On y vient avec son seau contenant un ensemble de produits traditionnels. Le gant de crin ou kis, instrument parfait de gommage, aide à éliminer les cellules mortes, le hénné permet de colorer mais surtout de revitaliser sa chevelure, le rhassoul, sorte de pâte noire très épaisse et onctueuse fait lui office de savon et affine le grain de la peau. Chacune est libre de prendre soin de son corps comme elle l’entend, mais une femme, nommée harza, vous proposera toujours ses services pour vous laver, vous procurer un massage qui vous tonifiera la peau ou parfois vous épiler au moyen d’une texture à base de miel et de sucre.
Edouard Debat-Ponsan (1847-1913)
Quelques institutions rajoutent de petits bacs d’essences d’eucalyptus ou de pin dans les pièces. En plus des vertus apaisantes et relaxantes du hammam, s’ajoute alors les vertus médicinales.
Ainsi détendues, prenons le temps de découvrir ces femmes qui jouent avec leur miroirs sur ce site et soyons plus que curieuses ici et là et encore ici et pourquoi pas là. Lisons l'analyse de la célèbre "Toilette" de Bazille (1841- 1870), dont Florizelle nous dévoilait, il y a peu, les rayures et les motifs.