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fenêtres sur la cour
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9 octobre 2009

Anais imprime "Winter of Artifice"

Comme un désir très fort de laisser une trace... On peut toucher la page que l’on a écrite (A.N)

                                                            

                                                               [Décembre 1941]

(…) Macdougal Street, en face du Provincetown Theater. (…) C’était un studio éclairé par le haut, idéal pour le travail. (…) Il était ancien, de guingois, avec un plancher de bois irrégulier peint en noir, des murs peints en jaune. (…) un grand bureau et un divan. Trente cinq dollars par mois.

                                                            [Janvier 1942]

  La presse va être livrée 144 Macdougal Street. Nous sommes partis chercher du papier. Nous avons découvert les fins de série, de petites quantités de papier que les grosses maisons d’édition ne peuvent utiliser mais qui sont idéales pour nous. Du bon papier. Nous avons acheté des caractères.

(…) Il faut encrer à la main, de sorte que lorsque Rango actionne la pédale, je me tiens prête avec l’encre et le chiffon. (…) Cela signifie que l’on met la plaque de cuivre sur un support d’un pouce d’épaisseur, on la serre dans le châssis, on passe l’encre soigneusement sur la plaque, on tire une gravure, on nettoie la plaque et on recommence. Trois cents gravures. La lenteur de la typographie me fait analyser chaque phrase et resserrer le style.

anais_nin_printing_1944

"Anaïs Nin printing - 1944" sur le flickr de dici avec son aimable autorisation

(…) La relation avec un métier artisanal est belle. On est lié de manière corporelle à un solide bloc de lettres métalliques, au poids des formes, à l’adresse des espacements, au rythme et à l’humeur de la machine.
(…) On peut toucher la page que l’on a écrite.
(…) Les mots qui sont d’abord apparus dans ma tête, (…), prennent corps. Chaque lettre a du poids. Je peux à nouveau peser chaque mot pour voir si c’est le mot juste.

  Je me sers de boites à savon en guise de rayonnages, pour y ranger les outils, le papier, les encres. J’arrive chargée de vieux chiffons pour la presse, de vieilles serviettes pour les mains, de café, de sucre.

                                                       [Avril 1942]

  Prenez dans la boite la lettre e, placez-la à côté de d, puis une virgule, puis un espace, et ainsi de suite.
  Comptez page 1, 2, 3, et ainsi de suite. (…) Je rencontre des difficultés pour couper les mots.
(…) Tandis que je compose les pages d’un livre, j’écris déjà un autre livre.

winter_of_artifice

"Winter of Artifice" sur le flickr de Photo2217 avec son aimable autorisation

[Winter of artifice] a été terminé le 5 mai. Rango et moi avons imprimé la couverture. (…) Nous avons fini par trouver un relieur qui accepte de relier trois cents livres d’un format inusité. Le tout fut livré, relié, le 15 mai [1942] Le Gotham Book Mart donna une réception en cet honneur.

Texte tiré du "Journal 1939-1944" d'Anais Nin, gravures de Ian Hugo et l'histoire de Frances Steloff et  "The Gotham Book Mart" * et The Story Of My Printing Press sur Poetry Library *

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Commentaires
T
Relu avec plaisir ces extraits du Journal d'Anaïs Nin, une lecture passionnée lorsqu'il a été publié pour la première fois en poche, et qu'on attendait le volume suivant dans la fièvre.
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