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fenêtres sur la cour
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28 mars 2008

L'atelier ou le monde intérieur du peintre

Du XVIIème au XXème siècle, Paris est la capitale universelle de la peinture. On vient se former à l’Ecole des Beaux Arts et dans les innombrables académies ouvertes à tous. Alors les artistes s’installent  à Paris, car c’est là que souffle l’esprit de la création. Des quartiers entiers deviennent des cités d’artistes.

int_rieur_d_artiste_1810_louise_ad_one_drolling louise_ad_one_drolling_la_le_on_de_dessin atelier_des_el_ves_de_Gros_1830_par_auguste_mass_ jakob_alt_1836 atelier___montparnasse_1926_par_chr_richard_nevinson

 

L. A. Droling 1810       L. A. Droling 1810     A. Massé 1830          Jakob Alt 1836          C. Nevinson 1926

Peindre l’atelier, où l’on a étudié, est une façon de garder un souvenir de jeunesse, tout en rendant hommage à son maître. Au XIXème s. cet exercice de mémoire est pratiqué, avec bonheur, par les jeunes femmes peintres pour qui la vie d’atelier est une précieuse ouverture sur le monde. Le succès des ateliers libres tient beaucoup au fait qu’ils accueillent deux catégories d’étudiants qui n’ont pas accès à l’Ecole des Beaux Arts : les étrangers et les femmes. Au XIXème s. face à l’importance de la demande, les ateliers réservés aux jeunes filles se multiplient. Car si l’art n’est pas une profession pour une femme honnête, il fait partie de la formation de base des jeunes filles bien nées.

     atelier_d_abel_de_pujol_1822_par_a_grandpierre_deverzy

               Adrienne Marie Louise Grandpierre Deverzy -Atelier d'Abel de Pujol- 1822       

Quand ils sont jeunes et pauvres, les artistes passent leur temps à chercher un refuge dans les quartiers populaires : mansarde, chambre d’hôtel miteux, appartement délabré, écurie ou garage désaffectés, entrepôt abandonné.

int_rieur_d_atelier_1848_par_octave_tassaert   Jean_Frederic_Bazille_1865   bazille_1866   atelier_de_renoir_1901_par_albert_andr_

   O. Tassaert 1848           J. F. Bazille 1865             J. F. Bazille 1866            A. André 1901

Peindre ne demande pas un matériel considérable. Encore faut il disposer d’un minimum d’espace. Au début du XVIIIème s. plus de la moitié des peintres parisiens vivent dans une seule pièce et sous les toits, pour la vue dégagée et la lumière. Le thème du peintre misérable dans sa mansarde fait partie du folklore de la bohème. J. F. Bazille tenait à rendre compte de ses dépenses : J’ai acheté, aux conditions que je vous ai dites, un lit en fer avec sommier et matelas, une table de nuit, une toilette en fer, des rideaux, quatre chaises, une table et un fauteuil qui est mon seul luxe ; j’ai renoncé au tapis.

     atelierchambre_de_octave_tassaert_1825

                            Octave Tassaert -l'atelier chambre- 1825

Tous les peintres, heureusement, ne vivent pas dans la misère., mais dans des salons-ateliers : à l’aspect d’un musée baroque, d’un cabinet d’antiquaire des meubles, des objets d’art, des bibelots, des étoffes qui révélaient les passions et les goûts du peintre et de l’artiste.

Coin_d_atelier_1861_claude_monet   l_atelier_d_alfred_Stevens_1869   Margottet_Hippolyte_1872   valtat_dans_atelier_1921_par_albert_andr_

C. Monet 1861             A. Stevens 1869         H. Margottet 1872              A. André 1921

On est dans les coulisses de l’atelier, au plus près du travail de l’artiste. Le peintre peut se retirer dans son atelier pour donner corps à des émotions ramenées de l’extérieur ou au contraire faire, de son atelier, le sujet de sa peinture.

     Cornelis_Norbertus_Gysbrechts

                      Cornelis Norbertus Gysbrechts -Au dos d'une peinture- 1670

Outils de travail, les meubles. Peindre les objets eux-mêmes , mais aussi l’espace qui les sépare, l’air qui les baigne, les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres, leur pesanteur et leur dynamique interne, leur distance avec l’œil du peintre.

carl_gustav_carus_1824 Antoine_Vollon delacroix

C. G. Carus 1824      A. Vollon XIXème s.   E. Delacroix  1857

Ramart_Maurice_19_et_20s matisse_1903

      M. Ramart XXè s.          H. Matisse 1903

Espace de solitude et de recueillement, l'atelier incarne la vie imaginaire du peintre. Il est l’espace où se déploient les fantasmes de l’artiste, où ses émotions prennent corps. Il est l’image de ses obsessions, de son désarroi, de son vide ou de son désordre intérieur. C’est l’atelier qui engendre l’œuvre et donne vie à la peinture.

      Felix_Vallotton_1887

                                            Félix Valloton -Autoportrait- 1887

Texte inspiré du livre -Le peintre et son atelier- de Fréderic Gaussen aux Ed. Parigrammes.

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Commentaires
S
Merci pour ce site toujours agréable à suivre. Une petite demande : dans ce billet vous citez plusieurs peintres, parfaitement inconnus de moi ; je suis ignare mais j'essaye de me soigner. Auriez-vous quelques éléments biographiques pour m'épargner de fastidieuses recherches et pour briller dans les dîners...<br /> Encore merci
L
Magnifique billet!<br /> Plus tous ces liens que tu nous donnes!<br /> Je suis aux anges!
M
J'aime beaucoup, tu t'en doutes! Et la toile peinte représentant le dos d'un tableau me plait énormément... Tout cela me fait penser que j'ai une photo de l'atelier où j'ai étudié... il faudrait que je la retrouve!<br /> <br /> PS: une petite chose aujourd'hui sur mon blog, mais sans aucune obligation, bien entendu!
L
Les passionnés....ne s'encombrent pas de décorum superficiel..ils vivent leur Art..la richesse...ils l'ont en eux...<br /> <br /> (je suis toujours impressionnée par la qualité de tes billets...autant les textes que les illustrations !...)<br /> bises et bon week-end !
C
c'est ce qui manquait à mon billet... l'odeur de térébenthine, le frottement des pinceaux, le déplacement des chevalets, le murmure des artistes et la fenêtre ouverte aux rêves... et tu y as opposé ta signature de poète. Merci. J'ai manqué de temps, de liberté et surtout de légèreté... car la poésie n'a pas de poids et moi, en ce moment, cela pèse des tonnes.
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